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http://www.felco-creo.org/mdoc/docs/t_doc_2_20150428091057.pdf.     
Communiqué FELCO : Nouveau collège : la mort programmées de l'enseignement des langues de France ?
 
Si        nous considérons comme positif le        fait qu’il ait tenu à nous répondre, ce dont nous le remercions,        il n’en        demeure pas moins que les          réponses qu’il nous fournit, et qu’il nous a          autorisés à rendre publiques,        ne lèvent pas nos principales inquiétudes, malgré leur        conclusion « Si je        ne méconnais pas les réalités hétérogènes et parfois difficiles        de        l’enseignement des langues régionales dans le collège actuel,        nous espérons que        la réforme engagée permettra une amélioration importante dans le        sens de la loi        de refondation. » 
 
Voici        donc les quatre        points de cette réponse, suivis de nos remarques en italique.
 
-           Point 1 :         « La réforme du collège permet de répondre concrètement à la loi        de        refondation de l’école de pouvoir utiliser des éléments des        langues régionales        dans le socle commun de connaissances, de compétences et de        culture, ce que les        enseignements pratiques interdisciplinaires rendent possible. »
 Commentaire FELCO : Les langues régionales avaient déjà leur          place dans le socle          commun, ce que confirmait un article de la loi de refondation          de l’école, citée          à bon droit par M. Noblecourt. Mais il nous paraît très          restrictif de les          cantonner aux seuls Enseignements Pratiques          Interdisciplinaires (EPI), alors          que pour nous, comme nous l’avions indiqué au Comité Supérieur          des Programmes          quand il nous avait reçus, c’est dans l’ensemble des          enseignements          disciplinaires (français, histoire-géographie…) que leur          apport peut se révéler          fructueux pour tous les élèves, et pas seulement pour ceux qui          auront choisi le          thème d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)          étiqueté langues          régionales. De nombreux textes et circulaires antérieurs          évoquent ces          possibilités qu’il conviendrait de rappeler.
 Commentaire FELCO : Les langues régionales avaient déjà leur          place dans le socle          commun, ce que confirmait un article de la loi de refondation          de l’école, citée          à bon droit par M. Noblecourt. Mais il nous paraît très          restrictif de les          cantonner aux seuls Enseignements Pratiques          Interdisciplinaires (EPI), alors          que pour nous, comme nous l’avions indiqué au Comité Supérieur          des Programmes          quand il nous avait reçus, c’est dans l’ensemble des          enseignements          disciplinaires (français, histoire-géographie…) que leur          apport peut se révéler          fructueux pour tous les élèves, et pas seulement pour ceux qui          auront choisi le          thème d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)          étiqueté langues          régionales. De nombreux textes et circulaires antérieurs          évoquent ces          possibilités qu’il conviendrait de rappeler. 
En tout état de          cause, il doit être bien clair que cette utilisation,          forcément ponctuelle,          d’éléments de la culture régionale ne saurait se faire au          détriment de          l’acquisition de compétences linguistiques de communication à          travers un          enseignement spécifique, seul susceptible, sur le long terme          (de l’école à          l’université), de former des individus compétents en langue,          et capables le cas          échéant de passer les concours de recrutement dans le domaine          de l’enseignement          (les postes offerts au Concours de Recrutement de Professeur          des Écoles langues          régionales (PRCE) ne sont à l’heure actuelle pas tous          pourvus). Limiter la          place des langues régionales aux seuls Enseignements Pratiques          Interdisciplinaires (EPI) risque de restreindre un vivier          qu’il faudrait          élargir et donc d’entraver les possibilités de développement          de l’enseignement          bilingue prévu dans le cadre de conventions Etat /          collectivités territoriales          et dont la loi d’orientation dit « qu’il sera encouragé ».
 
-           Point 2 :         « Les enseignements bilingues ne sont pas impactés par la        réforme du collège. »
 Commentaire            FELCO :          Est-ce si sûr ? Nous avons pu          consulter le projet          d’arrêté qui dans son          article 8 évoque la possibilité de poursuivre au collège une          langue autre que          l’anglais commencée dans le primaire. Mais cet article ne          parle que des langues          vivantes étrangères, et « oublie » fâcheusement (une fois de          plus)          les langues régionales. Or, la plupart offrent déjà des cursus          bilingues dans          le primaire sans que la continuité avec le collège soit          d’ailleurs toujours          partout assurée dans l’état actuel des choses – et nous          n’oublions pas, de          toute façon, que pour l’instant ces filières bilingues,          quoique sur une pente          ascendante et facteurs de réussite scolaire, ne répondent pas          à tous les          besoins de transmission, dans toutes les académies de l’aire          historique de la          langue d’oc pour ne parler que d’elle. Nous            sommes donc demandeurs de garanties explicites dans les          textes          d’application de la réforme, à travers l’adoption, une fois          pour toutes et          partout, de la formulation « langues vivantes étrangères et          régionales », afin d’éviter que sur le terrain des décideurs          locaux          choisissent d’interpréter à minima des textes ne mentionnant          pas clairement les          langues régionales, sans attacher vraiment d’importance aux          propos rassurants          du ministère à notre égard.
Commentaire            FELCO :          Est-ce si sûr ? Nous avons pu          consulter le projet          d’arrêté qui dans son          article 8 évoque la possibilité de poursuivre au collège une          langue autre que          l’anglais commencée dans le primaire. Mais cet article ne          parle que des langues          vivantes étrangères, et « oublie » fâcheusement (une fois de          plus)          les langues régionales. Or, la plupart offrent déjà des cursus          bilingues dans          le primaire sans que la continuité avec le collège soit          d’ailleurs toujours          partout assurée dans l’état actuel des choses – et nous          n’oublions pas, de          toute façon, que pour l’instant ces filières bilingues,          quoique sur une pente          ascendante et facteurs de réussite scolaire, ne répondent pas          à tous les          besoins de transmission, dans toutes les académies de l’aire          historique de la          langue d’oc pour ne parler que d’elle. Nous            sommes donc demandeurs de garanties explicites dans les          textes          d’application de la réforme, à travers l’adoption, une fois          pour toutes et          partout, de la formulation « langues vivantes étrangères et          régionales », afin d’éviter que sur le terrain des décideurs          locaux          choisissent d’interpréter à minima des textes ne mentionnant          pas clairement les          langues régionales, sans attacher vraiment d’importance aux          propos rassurants          du ministère à notre égard. 
 
-           Point 3 : « La        réforme du collège améliore les langues vivantes régionales LV2        puisqu’elles seront introduites en classe de 5ème et        non en plus en        4ème, permettant d’ajouter 54 heures d’enseignement        sur l’ensemble        de la scolarité au collège. »
 Commentaires            FELCO :          Ce n’est pas rassurant mais au          contraire très inquiétant que le ministère avance un tel          argument pour les          langues régionales. On devrait savoir au ministère que, dans          le choix d’une LV2          obligatoire, les élèves ne prennent pratiquement jamais une          Langue régionale,          et préfèrent poursuivre l’étude de cette langue sous la forme          optionnelle. Par          exemple, dans l’académie de Toulouse, 50 élèves          seulement ont choisi l’occitan en LV2 au collège alors que          près de          10 000 l’ont choisi en option, dans l’académie de Bordeaux          aucun élève ne          choisit l’occitan en LV 2…
Commentaires            FELCO :          Ce n’est pas rassurant mais au          contraire très inquiétant que le ministère avance un tel          argument pour les          langues régionales. On devrait savoir au ministère que, dans          le choix d’une LV2          obligatoire, les élèves ne prennent pratiquement jamais une          Langue régionale,          et préfèrent poursuivre l’étude de cette langue sous la forme          optionnelle. Par          exemple, dans l’académie de Toulouse, 50 élèves          seulement ont choisi l’occitan en LV2 au collège alors que          près de          10 000 l’ont choisi en option, dans l’académie de Bordeaux          aucun élève ne          choisit l’occitan en LV 2… 
Si          l’option          facultative est pratiquement la seule à être choisie, c’est          qu’elle n’entre pas          en concurrence avec l’apprentissage d’une 2ème          langue vivante          étrangère. Il serait contreproductif que les élèves souhaitant          connaître la          langue de la région où ils vivent doivent être pénalisés dans          le choix des          langues étrangères. Doit-on renoncer à l’allemand pour          apprendre le          breton ? Si d’un point de vue pédagogique les langues          étrangères et les          langues régionales, en tant que langues vivantes, possèdent un          cadre didactique          commun (programmes, CECRL, approche actionnelle…), il n’en va          pas de même pour          ce qui est du cadre organisationnel et du statut de leur          enseignement. Seul un          traitement différencié permettra de préserver la diversité          linguistique interne          conformément aux engagements internationaux de la France, et à          l’article 75-1          de la Constitution.
 
- Point 4 :         « La        réforme du collège impacte        positivement les langues vivantes régionales aujourd’hui en        option, car alors        que cette option commence aujourd’hui en 4ème, la        réforme du collège        permettra de proposer l’enseignement pratique interdisciplinaire         « Langues        et cultures régionales » et l’enseignement de complément de        langue vivante        régionale dès la 5ème (1h en 5ème, 2h en 4ème,        2h en 3ème pour l’enseignement de complément ».
 Commentaires FELCO :           Ce          n’est pas ainsi que les choses se          passent actuellement : on peut choisir l’option dès la sixième           (circulaire N°2001-166            du 5-9-2001).
Commentaires FELCO :           Ce          n’est pas ainsi que les choses se          passent actuellement : on peut choisir l’option dès la sixième           (circulaire N°2001-166            du 5-9-2001).  
Comment d’ailleurs          pourrait-il en être autrement puisqu’il s’agit notamment          d’assurer la            continuité avec ce qui se fait dans          le 1er degré ? Le code de l’éducation précise au          demeurant          assez clairement que « Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités          définies par voie          de convention entre l’Etat et les collectivités territoriales          où ces langues          sont en usage. » Les possibilités offertes par la circulaire          2001-166 sont          effectivement mises en œuvre et reprises d’ailleurs par les          conventions,          signées par les recteurs ou par le ministre, qui prévoient          toutes des enseignements          optionnels de la 6ème          à la 3ème.
Le contexte          sociohistorique de transmission des langues régionales étant          ce qu’il          est, ces enseignements            optionnels,            complémentaires et non concurrents des autres disciplines            enseignées, sont            essentiels. Or, c’est sur ce type d’enseignement que le          cadre proposé reste          le plus flou et le plus préoccupant. Il montre en effet une          méconnaissance des          réalités : nous ne voulons pas encore croire qu’il s’agit          d’une volonté          cachée de marginalisation. Cette réforme            qui oublie souvent les langues régionales va amener la            suppression de            possibilités réelles et leur remplacement par des            possibilités, floues,            difficiles à organiser, peu efficientes, très concurrencées            et finalement peu            employées. La mise en œuvre de la réforme sans          corrections pour ce qui          concerne les langues régionales provoquerait une chute brutale des effectifs bénéficiant d’un            enseignement de langue            régionale dès la rentrée 2016. 
Car les          Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), pour ce          qu’on en          connaît, ne sont pas            des enseignements            de langue, mais apparemment plutôt des enseignements de            culture, (pourquoi          pas gothique méridional, danses traditionnelles ou pétanque ?)          ce qui          n’est pas la même chose. De plus, si nous comprenons bien, les          textes imposent          de suivre 2 Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)          différents, par          an, de la 5ème à la 3ème : comment être          sûr qu’il          sera possible à un élève donné de choisir le thème langue          régionale 3 ans de          suite ? 
Quant aux           « enseignements de complément », si nous comprenons bien (et          nous          avons bien peur d’avoir parfaitement compris), pour pouvoir          les suivre il          faudra obligatoirement avoir choisi le thème langue régionale          parmi les huit          thèmes d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)          proposés, ce qui          interdira, de        facto, à beaucoup d’élèves          d’avoir accès à un tel          enseignement. Sans oublier le fait qu’avec 1h en 5ème,          2h en 4ème          et 2h en 3ème, on se trouve en recul par rapport à          ce qui se faisait          jusque-là dans le cadre de l’option dans un certain nombre          d’académies. En tout          état de cause, pour nous, ce ne sont pas            les enseignements de langue qui doivent venir « en            complément » des            Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), mais le            contraire. Nous          considérons – et nous l’avons dit publiquement – qu’en soi,          l’idée de ces          Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), par          l’ouverture          interdisciplinaire qu’ils impliquent, va dans la bonne          direction. Mais ils ne            sauraient remplacer un            véritable enseignement de langue.
Il y          a enfin la question de la marge d’autonomie des          établissements, surtout si ce          sont les chefs d’établissements qui choisissent les          Enseignements Pratiques          Interdisciplinaires (EPI) à mettre en place dans leur collège.          On peut craindre          que la concurrence entre les matières, déjà forte, ne devienne          acharnée. 
Une            raison de plus pour laisser leur            place aux enseignements optionnels qui existent déjà. 
 
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En        novembre 2014, date de l’entrevue        entre la FELCO, ÒcBi et le ministère, M. Noblecourt laissait        entendre que la        Ministre ferait des annonces substantielles concernant        l’enseignement des  Langues        Régionales au premier semestre 2015…         Si on considère rue de Grenelle que leur cantonnement dans les        Enseignements        Pratiques Interdisciplinaires (EPI) constitue l’essence de ces        annonces        substantielles, on comprendra que ce n’est pas vraiment ce que        nous attendions        et espérions.
Contrairement        à ce que le ministère        dit espérer,  la réforme        engagée ne        permettra pas dans sa forme actuelle « une amélioration        importante dans le        sens de la loi de refondation » de l’enseignement des langues        régionales.        Il nous paraît donc urgent de procéder à un véritable cadrage        national pour        développer l’enseignement des langues régionales conformément à        la        responsabilité et aux engagements de la France et à la loi de        refondation.
 
Pour résumer,          nous nous permettons donc de poser au Ministère les questions          suivantes : 
 
1-           Que devient l’enseignement          optionnel de la langue régionale          en classe de 6ème ?
Le ministère        doit préciser ce point pour qu’il n’y ait pas de régression par        rapport aux possibilités actuelles.
 
2-           Quelle serait          l’organisation pratique des enseignements de la 5ème          à la 3ème ?
Pour        l’heure, l’accès à l’Enseignement        de complément (1h en 5°, 2h en 4°, 2h en 3°) semblerait        subordonné à        l’inscription en Enseignements Pratiques Interdisciplinaires        (EPI) Langue        régionale. C’est très problématique car réducteur des        possibilités actuelles.
Nous demandons          que le choix de l’Enseignement de complément « Langue          régionale » ait le statut d’option facultative et soit          indépendant du          choix de l’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI)           « Langue          régionale », de façon        à ce que tout élève puisse suivre un enseignement de langue régionale sans être privé de l’accès à        d’autres        Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), comme ses        camarades.
 
3-           Qu’en est-il de          l’adoption explicite de la formule « langues vivantes          étrangères et          régionales », seule à        même de lever les réticences de certains cadres administratifs à        considérer        les langues régionales comme langues vivantes ?
 
4-         L’absence de prévision de la continuité de l’enseignement bilingue          français-langue          régionale de l’école au collège dans le projet d’arrêté        relatif à        l’organisation du collège (article 6-II et l’article 8) est-elle        un oubli qui        sera corrigé ? Ce n’est que par une correction de l’arrêté que        nous serons        rassurés.
 
5-           Quel financement          pour les enseignements optionnels de langue régionale :
Nous        supposons que les Enseignements        Pratiques Interdisciplinaires (EPI), apparaissant dans la grille        horaire        nationale, sont financés dans la dotation ministérielle aux        académies ; de        même pour la LV2, bien que cette modalité reste extrêmement        marginale pour les        langues régionales.
En        revanche, comment seront financés        les enseignements          optionnels en classe          de 6ème (continuité du cycle 3) et les enseignements optionnels de complément de la 5ème        à la 3ème ?
Autrement        dit, comment le ministère prendra-t-il en compte les          besoins d’enseignement          de la langue régionale dans le calcul de la dotation          budgétaire globale des          académies concernées, notamment celles qui ont signé des        conventions        Etat-Région ? 
Notre        position a été déjà exprimée        maintes fois : ainsi que cela se fait déjà pour certaines        langues dans        certaines académies, seule une dotation spécifique, hors DHG,        peut sécuriser et        développer l’enseignement des langues régionales.